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Campagne du Soldat Léon DASSEUX

7éme Régiment d'Infanterie

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Léon DASSEUX est appelé le 14 novembre 1904 pour le service armée et rejoint le 63ème Régiment d'Infanterie basé caserne Beaupuy à Limoges.

Il est mis en disponibilité le 23 septembre 1905, un certficat de bonne conduite lui étant accordé.


Il effectue deux périodes d'exercice au sein du 63ème Régiment d'Infanterie, la première du 16 août au 12 septembre 1908, la seconde du 7 au 23 décembre 1911.


Il est rappelé le 1er août 1914 et rejoint le 7ème Régiment d'Infanterie le 12 août 1914.


A cette date le 7ème Régiment d'Infanterie se trouve en Belgique.



la bataille de Bertrix (22 août 1914).



Le 20 août, le régiment franchit la frontière et prend les avant-postes à Herbeumont. Pour la première fois on a l’impression que l’Allemand est proche. Un grondement lointain nous avertit que la guerre commence.

Le 22, vers 15 heures, on marche au canon. La bataille fait rage à notre droite. On traverse Bertrix, puis on s’arrête à Assenois. Nous sommes prés des grands bois où l’Allemand est gîté, paraît-il ; les Belges sont anxieux.

Les cartouches supplémentaires sont aussitôt distribuées et les bataillons se massent dans de petits bois à l’ouest de la route Bertrix – Offagne. On plante la baïonnette au bout du fusil et l’on attend l’ordre de l’attaque.

Le 1er bataillon est d’abord engagé, mais à peine s’est-il approché de la lisière des bois qu’il est accueilli par une vive fusillade. La charge est ordonnée. Dans un élan magnifique, les trois bataillons se lancent successivement à l’assaut précédés de leurs chefs.

Mais les Allemands sont tapis dans des trous en avant desquels ils ont tendu des fils de fer que les nôtres ne voient que trop tard. Nous sommes arrêtés par cet obstacle sous un feu meurtrier qui cause de grands ravages dans nos rangs. Malgré des pertes sensibles, trois fois les bataillons reviennent à la charge : trois fois ils échouent.

Les bataillons disloqués, ayant perdu toute cohésion, se dirigèrent sur Herbeumont en traversant la forêt. La rage au cœur, nous conservions quand même l’espoir de nous retrouver en plein champ, face à face avec l’ennemi, pour prendre une revanche éclatante et venger nos morts.

Cette occasion allait se présenter quelques jours plus tard. A Herbeumont, le colonel parvient à regrouper 1500 hommes du régiment. Il organise immédiatement la résistance sur les hauteurs avec l’appui de quelques pièces de canons.

Le 23 août, à 12 heures, l’ordre nous est donné de quitter Herbeumont et de nous diriger sur Osnes. On arrive sans encombre à Osnes où on s’installe en cantonnement d’alerte. Le lendemain, le régiment se reconstitue prés du village. Le 1er bataillon est reformé avec trois compagnies seulement par suite des pertes élevées qu’il a subies l’avant-veille. Ensuite le régiment se porte à Euilly qu’il organise défensivement, pendant que de nombreuses batteries s’installent un peu en arrière de lui pour interdire à l’ennemi le passage de la Chiers. En hâte on creuse des tranchées. La journée et la nuit s’achèvent dans le calme.

Le 25, à l’aube, la canonnade reprend. On voit les Allemands déboucher des, bois très loin, et tenter de s’infiltrer par les petits ravins qui convergent sur Carignan. Un formidable duel d’artillerie s’engage, nais dans lequel la supériorité du 75 s’affirme. Tout ce qui sort des bois est pris sous le feu de nos canons qui, de plus, fouillent toutes les dépressions du terrain. Osnes, que nous avons quittés la veille, est pris à partie par notre artillerie qui pilonne sans arrêt ce malheureux village devenu une fourmilière d’Allemands.

Toute la journée la bataille fait rage. Peu de fusillade, mais du canon, encore du canon, et toujours du canon. Les villages flambent. Une compagnie du régiment va faire sauter le pont de Carignan, car malheureusement il va falloir encore battre en retraite malgré le succès de la journée.

Le 26 août, à 1 heure 30, on franchit la Meuse à Mouzon. A la tombée de la nuit, on s’installe à la cote 314, prés de Raucourt, avec mission de contre-attaquer l’ennemi qui aurait réussi à franchir le fleuve. La nuit se passe sous une pluie battante ; les Allemands ne sont pas venus. A l’aube, l’ordre est donné d’abandonner la position et de se rendre à Haraucourt.



Bataille d'Angecourt et Thelonne.



On arrive à Haraucourt de fort bonne heure. Nous sommes transis de froid. On distribue rapidement quelques vivres aux hommes et l’on prépare un peu de café. Mais tout à coup les 1er et 2ème bataillons reçoivent l’ordre de prolonger à droite le 14ème et de le protéger sur son flanc pendant qu’il prononce une contre-attaque sur Thélonne que les Allemands viennent d’occuper. Notre but est de harceler l’ennemi pour protéger la retraite de l’armée.

Le 2ème bataillon commence le mouvement et de dirige, suivi du 1er, sur Angecourt d’où ils prennent tous deux la formation de combat. Le contact est rapidement pris avec l’ennemi. Le feu est engagé sur tout le front. Nous nous emparons des deux premières lignes de tranchées allemandes. A ce moment, le 2ème bataillon est arrêté devant une crête et un petit boqueteau occupés par de l’infanterie et des mitrailleuses ennemies. L’assaut est donné par trois fois ; chaque fois le bataillon est ramené. Un quatrième assaut est encore tenté, et cette fois la position tombe entre nos mains.

Il est douze heures ; nos mitrailleuses sont mises en batteries et on poursuit, par le feu, l’ennemi qui dévale les pentes dans la direction de Pont Maugis

L’organisation du terrain conquis est immédiatement entreprise, mais rendue très difficile par un feu violent de mitrailleuses partant par la droite, dans la direction du canal, et par le feu de l’artillerie ennemie. A ce moment arrive, en renfort, le 3ème bataillon. Tout le régiment se trouve maintenant engagé. La bataille redouble d’intensité, car l’ennemi envoie sans cesse des troupes pour essayer de prendre pied sur la rive gauche de la Meuse, ce qui pour lui constituerait une position importante.

Au loin, on aperçoit Bazeilles qui regorge d’ennemis. Notre artillerie y frappe sans arrêt et les pertes allemandes s’accumulent. La Meuse charrie des quantités de cadavres boches. Nos pertes sont sensibles mais celles de l’ennemi sont énormes et non seulement nous n’avons pas lâché un pouce de terrain, mais encore nous avons jeté à l’eau tout les boches qui avaient franchi la Meuse.

Nous passons la nuit sur les hauteurs de Raucourt sans être inquiétés par l’ennemi qui, en raison de son échec de la journée, hésite à se porter en avant. Le lendemain, à 8 heures, le régiment passe en réserve au Sud du village sur une position violemment bombardée par l’artillerie lourde allemande et nous assistons pour la deuxième fois à un nouveau et formidable duel d’artillerie.

A 16 heures, on reprend le mouvement de retraite. A partir de ce moment commence la longue et douloureuse retraite. Raucourt, Angecourt ont marqué, pour le régiment, les derniers combats de notre première rencontre avec l’Allemand exécré. A part quelques escarmouches de peu d’importance, la marche vers le Sud s’accomplit sans incidents, par étapes journalières de 30 à 40 kilomètres.

Le 28 au soir nous sommes à Arthez-le-Vivier. Le 29, au Chesne, que l’on abandonne le 30 pour bivouaquer à Chufilly. Un temps d’arrêt et la retraite inexorable continue. Dans la nuit du 1er au 2 septembre, on passe Semide où un court engagement a lieu avec l’avant-garde prussienne. Maintenant la retraite s’accélère. On marche nuit et jour, presque sans arrêt. Le repos n’est plus permis.

Nous traversons la Champagne pouilleuse où l’eau fait totalement défaut. Une chaleur torride nous brûle le visage et irrite la gorge. D’interminables convois d’émigrés encombrent les colonnes. Des vieillards, des femmes, des enfants ont quitté en hâte le pays natal.

Le 3 septembre nous bivouaquons à Vesigneul-sur-Marne. Le 4, nous voilà à Sompuis. Et toujours avec nous l’interminable convoi des charrettes, des vieillards, des femmes et des enfants. Le 5, à minuit, on arrive à Brebant et Corbeil où nous espérons goûter un peu de repos.

Enfin la retraite est finie. Le moment est venu de vaincre ou de mourir. La bataille de la Marne va commencer.



Bataille et victoire de la Marne.



Après une heure de repos, le régiment se porte à la cote 201 qu’il a pour mission de défendre. Les avant-postes de combat sont pris et on attend le choc. La soirée et la nuit sont marquées seulement par quelques coups de fusil, indices de la prise de combat avec les éclaireurs ennemis.

Le 7 septembre, à 5 heures, la bataille d’artillerie commence. Les Allemands suivant leur tactique habituelle pilonnent à coups d’obus nos positions avant d’y lancer leur infanterie. Malgré des déplacements latéraux et une judicieuse utilisation du terrain, de nombreux soldats sont blessés par ce bombardement qui continue avec des alternatives de vitesse et de lenteur jusqu’à 11 h 30. Notre artillerie riposte énergiquement. Dans l’après-midi le feu de l’artillerie ennemie se ralentit puis cesse totalement à la nuit. Cette trêve est aussitôt mise à profit pour creuser des tranchées que l’on tiendra à outrance malgré la grande supériorité numérique de l’infanterie et de l’artillerie allemandes.

Le 8, à 5 heures, la bataille reprend. D’abord un tir extrêmement violent d’artillerie sur la cote 201, puis au loin, on voit apparaître l’infanterie ennemie qui se déploie et répond à notre feu. Une batterie de 75 vient de mettre en position tout prés de nous et commence son œuvre de mort : Elle tire à mitraille. L’infanterie allemande semble hésiter. Elle trouve en effet une résistance à laquelle elle n’était pas habituée depuis quelques jours. Le combat se stabilise ainsi devant notre front ; il devient plus vif encore à notre droite et à notre gauche. Mais là comme ici l’ennemi se heurte à la même volonté tenace de ne pas lâcher prise.

A 10 heures, la batterie de 75 qui, depuis le matin, crache sans arrêt, cesse son tir faute de munitions. Les artilleurs prennent leur mousqueton et font le coup de feu avec les fantassins. A 10 h 50, un caisson de ravitaillement étant arrivé, la batterie reprend son tir. Le combat s’anime, mais les fantassins ennemis ne paraissent toujours pas désireux de se lancer à l’assaut. On se fusille encore à distance. Nos pertes sont élevées.

A 12 heures, le régiment reçoit l’ordre de se rendre à la ferme Montorlor pour se reconstituer avec un renfort de 500 hommes qui viennent d’arriver. Le mouvement de repli s’exécute en bon ordre.

A 16 heures, le renfort ayant été incorporé, le régiment tout entier retourne dans la bataille. La nuit apporte le silence. Sur notre front, l’ennemi n’a pas gagné un pouce de terrain. Le lendemain, le régiment réoccupe la Cote 201, que les Allemands continuent de cribler de projectiles.

Le soir nous bivouaquons à la Ferme des Grandes Perthes, où l’on incorpore un nouveau renfort de 800 hommes.

Le 10 septembre, on réorganise les bataillons. Les Allemands ont fait avancer leur artillerie lourde et l’éclatement des gros projectiles résonne terriblement dans les vallons. La nuit se passe au bivouac, dans un bois, en réserve, à 600 mètres au sud de la Ferme de la Certine.



La poursuite.



Le 11, à 5 heures du matin, tout le monde est sur pied. Le bruit court avec persistance que les Allemands sont battus et que profitant de la nuit, ils ont commencé leur mouvement de retraite. Cette rumeur semble se confirmer par le silence anormal qui règne sur le champ de bataille.

Enfin, la nouvelle est rendue officielle par un ordre que reçoit le régiment de se lancer à la poursuite de l’ennemi dans la direction de la Cense de Blanzy. Les petits bois de sapins sont remplis de cadavres allemands fauchés par les balles et par nos 75. Dans la précipitation de leur retraite, les Allemands ont abandonné un grand nombre de leurs blessés : toutes les granges en sont pleines, mais il est bon de se méfier, car certains d’entre eux ont conservé leurs armes et n’hésitent pas à nous tirer dans le dos après nous avoir demandé à boire.

Nous avançons toujours. Maintenant la désolation commence ! Les villages sont en feu. Tout ce qui n’a pas été brûlé a été pillé, saccagé, souillé. Les Allemands fuient en trois colonnes : l’artillerie sur la route, l’infanterie et la cavalerie à travers champs. Leurs pistes sont jalonnées par des milliers de bouteilles vides.

La nuit tombe ! Nous arrivons à Pringy, sous une pluie battante, à la lueur sinistre des maisons embrasées. Après quelques heures de repos, nous repartons par Songy, Saint-Martin, Francheville, Dampierre et Moivre. Nous doublons les étapes, car enfin il faut rattraper les boches.

Le 13 septembre, nous traversons Somme-Tourbe, complètement brûlé et Wargemoulin en flammes. Nous cantonnons à Minaucourt, que les Germains n’ont pas eu le temps d’incendier. La pluie tombe à flots. Les avant-postes sont pris et deux compagnies sont envoyées à la Ferme Beauséjour où elles se heurtent à un bataillon ennemi. Une vive fusillade s’engage, mais en raison de l’heure tardive et de l’extrême fatigue des hommes, le combat n’est pas poussé plus à fond.

Le lendemain, la bataille reprend sur tout le front Mesnil les Hurlus, Ferme Beauséjour. Notre artillerie nous soutient faiblement faute de munitions. Par contre, l’artillerie ennemie arrose de projectiles les crêtes que nous occupons, ainsi que les ravins où se tiennent les réserves du régiment. La Ferme Beauséjour est prise, mais c’est le seul gain de la journée.



Bataille de Beauséjour et d'Argonne.



A partir de ce moment va commencer la guerre de tranchées qui durera plusieurs années.

En raison des pertes élevées subies la veille, le régiment passe en réserve à Minaucourt et commencent immédiatement à creuser des tranchées et boyaux. Jusqu’au 21 septembre, l’activité de combat reste faible.

Dans la nuit du 21 au 22, on relève en première ligne le 9ème R.I. Le 26, à l’aube, une fusillade nourrie s’engage sur notre front et sur les secteurs voisins. Les Allemands essaient une première attaque qui est repoussée sur toute la ligne. Une demi-heure plus tard, ils reviennent à la charge en force considérable et parviennent à refouler notre gauche, malgré la résistance opiniâtre de nos hommes qui n’abandonnent la ligne que sur l’ordre de leurs chefs. Une menace de débordement se dessine aussitôt de ce côté. Mais une centaine d’hommes et parviennent à faire mettre en batterie une mitrailleuse qui prennent de flanc l’attaque de tout un bataillon allemand lancé dans la trouée. Surpris, l’ennemi s’arrête, oscille et, finalement, s’enfuit dans le plus grand désordre vers ses lignes. Les gros paquets de fuyards sont fauchés par les mitrailleuses, et les isolés sont tirés comme des lapins. Bien peu réussissent à réintégrer leurs trous. Quelques uns cherchent un refuge illusoire derrière des gerbes de blé. Le sol est jonché de cadavres boches. De notre côté, nous avons pas mal de blessés. Le 7ème R.I. est alors mis en réserve pour se reconstituer.

Dans la nuit du 1er au 2 octobre, le régiment s'installe dans les tranchées au nord de Somme-Suippes. Il y reste jusqu’au 15 sans qu’aucun combat important ait marqué cette courte période, puis il retourne à Wargemoulin.

Jusqu’au 6 décembre, le 7ème R.I. reste dans la région Beauséjour Mesnil-les-Hurlus et occupe la ligne de combat. La pluie qui ne cesse de tomber entrave fortement les travaux d’organisation défensifs qui se limitent d’ailleurs au creusement de tranchées et de boyaux et à la pose de fils de fer en avant de la première ligne. Les matériaux manquent pour créer des abris à l’épreuve des projectiles lourds.

Le 6 décembre, le régiment revient en réserve. Il reçoit l’ordre de se tenir prêt à être embarqué le lendemain en camions auto. Le lendemain à midi, le régiment se trouve échelonné sur la route Suippes – Sainte-Menehould devant une file interminable de gros camions dans lesquels on embarque. A 10 heures, on débarque à Chaudefontaine et le lendemain matin une étape nous porte à Vienne le Château.

Le 2ème bataillon est aussitôt envoyé à la Harazée où il arrive juste à point pour repousser une attaque allemande. Le régiment reste en Argonne jusqu’au 14 décembre.

Le 16 décembre, le régiment revient à Chaudefontaine et de là se rend à Sainte-Ménéhould où il s’embarque à destination de Somme-Tourbe pour rejoindre son ancien secteur de Champagne.



Offensive de champagne (Hiver 1914-1915).



Le 23 décembre, le 1er bataillon reçoit l’ordre de s’emparer des « Tranchées Brunes » qui forment un saillant dans notre ligne. L’attaque est menée avec la plus grande vigueur. Après une préparation d’artillerie, le bataillon se lance à l’assaut, son chef en tête. Les tranchées ennemies sont conquises, mais le succès nous coûte cher. Des mitrailleuses que notre artillerie n’avait pas détruites ont ouvert un feu d’enfilade sur nos hommes au début d’attaque. Deux cents hommes sont hors de combat, mais parmi lesquels beaucoup de blessés.

Le terrain conquis est immédiatement mis en état de défense. Deux fortes contre-attaques ennemies sont repoussées, malgré le faible effectif du bataillon. Ne pouvant reconquérir les tranchées perdues, l’ennemi les bombarde violemment et, pour la première fois, nous voyons apparaître cet engin nouveau appelé « Minenwerfer » (lance mines).

Le soir, une nouvelle contre-attaque est encore repoussée à coups de fusil. La nuit est plus calme. Nos hommes en profitent pour achever l’organisation de la tranchée et compter les prises. Outre un nombre assez élevé de prisonniers, le 1er bataillon s’est emparé de mitrailleuses, de fusils et d’un minenwerfer de gros calibres, ainsi que des provisions de toutes sortes (saucisses, pâtés, fruits, cigares, etc.…).

Le 30 décembre, les trois bataillons du 7ème R.I. attaquent les « Tranchées Grises » et s’en emparent en partie, mais la bataille qui dure depuis plusieurs jours a permis aux Allemands de renforcer leur artillerie, et les combats devienn alors plus acharnés. Nous progressons lentement au prix de grands sacrifices. Les attaques se succèdent jour et nuit presque sans interruption. On ne connaît plus le repos.

La fatigue est grande. Les bataillons se succèdent sur la ligne de feu et l’on voit des compagnies commandées par des sous-lieutenants de 19 ans, tous les autres officiers ayant été mis hors de combat. C’est une guerre d’usure dans laquelle le terrain est arraché par petits morceaux. Enfin, le 21 janvier 1915, le régiment est envoyé au repos à Bussy le Château où il y reste jusqu’au 29. Quelques renforts arrivent et, le 30, nous retournons dans la bataille.

Le 1er février, le 1er bataillon attaque le Bois Rectangulaire au Nord-Ouest de Perthes les Hurlus. La position avancée, tenue par la 1ère compagnie, est devenue très périlleuse.

Le 16 on attaque les bois au nord de Perthes ; le 17, nous sommes au-delà du Bois Rectangulaire. Les assauts se multiplient. Après trois semaines de ces durs combats, le régiment est relevé et passe en réserve dans les bois de la Ferme Piémont où il ne reste que quelques jours dans la boue.

La tranchée est conquise de haute lutte et les boches massacrés. Des prisonniers sont parqués dans un coin. Leur frayeur est telle qu’un seul de nos hommes suffit pour les garder. Une contre-attaque lancée immédiatement par l’ennemi donne lieu à des combats épiques. La contre-attaque est repoussée, deux mitrailleuses allemandes sont envoyées à l’arrière. Le succès est complété par les 2ème et 3ème bataillons qui, engagés peu après, s’emparent des dernières tranchées constituant l’ouvrage S.K.

Du 11 au 23 mars, le régiment occupe le secteur au nord de Mesnil les Hurlus où nos tranchées ne sont séparée de celles des Allemands que par quelques mètres, ce qui empêche les artilleries adverses de tirer sur les premières lignes. On se fusille à bout portant.

Le 23, le 7ème R.I. est relevé définitivement et envoyé au repos à Bussy le Château en attendant une nouvelle destination. L’offensive de Champagne est terminée pour nous. Depuis la bataille de la Marne, le 7ème s’est battu presque sans arrêt, allant partout où il y avait des coups à donner et à recevoir : en Argonne, à Beauséjour, à Perthes, à Mesnil. Partout où il a frappé, l’Allemand a reculé.



Offensive d'Artois (mai-juin 1915).



Après un mois passé à l’arrière dans des cantonnements au Sud de Verdun, puis dans la Somme, le 7ème R.I. est désigné pour prendre part à l’offensive d’Artois.

Le 30 avril, il cantonne dans les faubourgs d’Arras et le lendemain il occupe le secteur de Roclincourt. En 1ère ligne sont le 1er et 2ème bataillons ; le 3ème reste en réserve à Anzin. L’attaque est fixée au 9 et les préparatifs en sont menés rapidement.

Nous aurons un glacis de 400 mètres à franchir pour atteindre la première tranchée allemande. En arrière de laquelle s’élève le village de Thélus, dominant nos positions. La préparation d’artillerie est courte. Les brèches dans les réseaux ennemis sont assez rares. A l’heure dite, les compagnies se lancent à l’assaut en deux vagues. A peine la première est-elle sortie des tranchées que de nombreuses mitrailleuses allemandes font un barrage de balles dans lequel nos hommes entrent tête baisée. Beaucoup tombent. Les autres continuent leur marche en avant, malgré la violence du feu des mitrailleuses et des canons ennemis. Après un parcours de 300 mètres, l’attaque se disjoint. Un mouvement de reflux se produit pendant que quelques hommes encore plus braves que les braves vont se jeter sur les fils de fer ennemis, d’où ils ne devaient plus se relever. L’assaut nous coûtait 300 hommes tués où blessés. Mais ailleurs l’attaque progressait.

A 16 heures, le 3ème bataillon se lance dans la fournaise, la baïonnette haute, les chefs en avant. Mais le même tir meurtrier part des lignes ennemies et l’attaque est de nouveau fauchée. Cependant, le corps qui attaque à notre

Le 10 mai, à 13 heures, après une nouvelle préparation d’artillerie, le 3ème bataillon tente un troisième assaut. Il est encore ramené par le feu des mitrailleuses que notre artillerie n’a pu détruire. Le 11, les 2ème e 3ème bataillons exécutent trois nouvelles attaques sans plus de succès. La compagnie Lacadé est soumise, dans le boyau Abd-el-Kader, à un violent tir d’artillerie allemande et perd ainsi le tiers de son effectif.

Le 12, les bataillons se reconstituent sur place et la nuit suivante, le 3ème est relevé sur la position de combat par le 1er qui avait été envoyé au repos à Duisans après la deuxième attaque. Les pionniers du régiment, aidés de travailleurs fournis par les bataillons, creusent pendant la nuit, une parallèle de départ pour une nouvelle attaque, à 250 mètres en avant de notre première ligne. Ils sont protégés dans cette opération par des détachements placés en avant d’eux et sur leurs flancs.

Cette parallèle est occupée dans la nuit du 14 au 15, et ce jour là, à 15 h 10, le 1er bataillon repart encore à l’assaut. C’est toujours en vain car les mitrailleuses ennemies flanquent le glacis nu comme la main et interdisent toute progression. Ceux de nos hommes qui n’ont pas été atteints par les projectiles se couchent dans des trous d’obus et rentrent à la nuit.

Le 22, avant le jour, le 7ème R.I. est relevé. Il se rend à Berneville, où le rejoint un renfort de 450 hommes.

Du 27 mai au 3 juin, le régiment occupe les tranchées dans le secteur Est d’Arras. Aucune attaque ne se produit ni d’un côté ni de l’autre, mais l’activité des deux artilleries est très grande et nous perdons du monde. Nous revenons à Berneville jusqu’au 15, puis nous passons en réserve d’attaque à Arras le 16, sans avoir à donner. Huit jours après, nous prenons le Secteur Est de Ronville (Faubourg d’Arras). Aucune activité de combat ici, les tranchées adverses, sont distantes d’environ 600 mètres.

Le 3 juillet, le régiment est définitivement relevé. Il entre à ce moment dans la composition d’une nouvelle division (la 131ème) et est envoyé au repos à 40 kilomètres en arrière du front, dans la région d’Amiens, où il reste jusqu’au 30 juillet. De là, il est transporté par voie ferrée en Argonne.



Argonne (août 1915 - mai 1916).



Les bataillons relèvent successivement, du 8 au 10 août, des bataillons du 154ème

C’est de cette façon que nous rejetons les Allemands d’un élément de tranchée où ils avaient réussi à pénétrer. Mais l contact reste immédiat. Certains boyaux sont même commun aux deux partis ; la démarcation en est seulement faite par un mur de sacs à terre de chaque côté duquel on s’épie pour frapper jusqu’à ce que l’un des occupants cède. Alors vite, le mur est reporté un peu plus loin. C’est ainsi que l’on progresse, tantôt d’un mètre, tantôt de dix, pour quelquefois revenir à son point de départ.

Il pleut. Les boyaux et les tranchées sont transformés en ruisseaux de boue dans lesquels on enfonce jusqu’à la cheville et même souvent davantage. La première nuit se passe dans une agitation extrême. Il fait si noir qu’on y voit pas à deux pas. Avec les projectiles qui éclatent de tous côtés, on ne sait plus facilement si l’ennemi est en avant ou en arrière, à droite ou à gauche.

Enfin le jour apparaît. Il apporte le calme, car les adversaires sont épuisés. De part et d’autre de la barricade, cette trêve est mise à profit pour se reposer un peu et lutter contre la boue. Nos abris sont de véritables aquariums, avec 40 à 50 centimètres d’eau ; on surélève les couchettes et on dort quand même. Mais quand sous la nappe d’eau des coups sourds. Ce sont les boches qui creusent une galerie pour nous faire sauter.

Tous les moyens sont donc employés ici : la mine. Les torpilles, le couteau, les liquides enflammés et les gaz asphyxiants.

Le 12, vers midi, la bataille reprend. D’abord timidement ; un petit minen, suivi, dix minutes après, d’un second, puis d’un troisième. Puis l’artillerie entre en jeu et finalement la danse bat son plein. L’ennemi attaque une première fois dans la nuit ; il est repoussé. Le temps de se regrouper et une nouvelle attaque se déclanche : même insuccès.

Enfin, le combat s’apaise. Nous comptons nos pertes ; elles sont lourdes, mais nous n’avons pas cédé un pouce de terrain.

Le 14, le 15, la bataille reprend dans les mêmes conditions. Tenaces, les boches du Kronprinz attaquent toujours. Chaque fois ils sont arrêtés et leurs cadavres servent de parapet à nos tranchées.

Le régiment va se reposer deux jours à Florent, puis il revient dans le secteur. L’agitation est moins grande. Après leurs insuccès de ces derniers jours. Les Allemands paraissent avoir renoncé à faire des attaques partielles, mais par contre, leur artillerie reste active. On travaille la nuit à renforcer nos défenses accessoires et à créer de nouvelles parallèles ainsi que des abris. Il faut à tout prix empêcher le boche d’avoir des vues sur le défilé de Lachalade qui est notre unique voie d’accès pour les ravitaillements.

Nous alternons pour l’occupation des lignes par période de 7 jours. Les repos sont consacrés à des exercices de lancement de grenades.

Le 8 septembre l’ennemi attaque en force le 14ème R.I. qui subit de lourdes pertes et abandonne le terrain. Le 3ème bataillon du 7ème R.I. arrive le premier sur les lieux contre-attaque et parvient à refouler l’ennemi sur une certaine profondeur. Les deux autres bataillons sont engagés peu après et rétablissent en partie la ligne par une charge à la baïonnette.

C’est la dernière offensive ennemie en Argonne. Jusqu’à juin 1916, époque à laquelle le régiment allait être appelé à participer à la défense de Verdun, aucun combat important ne fut livré, ni par nous, ni par les Allemands. Ceux-ci cherchèrent, dans la guerre de mine, le moyen d’améliorer leurs positions en s’emparant de la tête des ravins. Ils créèrent ainsi de vastes entonnoirs dont nous nous rendîmes toujours maîtres.

Le 12 juin, le 7ème quitte l’Argonne et va au repos à Vieil-Dampierre.

Verdun (juin-juillet 1916).



Pour la seconde fois depuis le début de la guerre, le 7ème R.I. jouit d’un véritable repos loin de la bataille, loin du bruit des canons. Au loin, l’orage gronde. Les nouvelles qui nous parviennent de Verdun nous rendent anxieux et il faut s’attendre à payer notre part de gloire dans cette lutte titanesque.

Le 24 juin, l’ordre est donné au 7ème R.I. de se tenir prêt à être embarqué pour Verdun. Le lendemain, les bataillons sont enlevés en camions autos. On débarque à Nixéville, après avoir suivi la « voie sacrée » (c’est le nom donné à la route Bar-le-Duc – Verdun qui fut l’artère principale de l’immense organisme qui a sauvé la ville).

Le 1er bataillon est aussitôt dirigé sur le fort de Souville, prés duquel il reste en réserve ; les deux autres se rendent à Landrecourt qu’ils quittent dans la nuit pour Belleray.

A l’heure dite, les compagnies sont rassemblées, l’appel est fait ; il ne manque pas un homme. Par petits groupes, les compagnies se mettent en marche. La relève s’opère très difficilement ; les unités ont à parcourir, la nuit, un terrain bouleversé et violemment battu par l’artillerie ennemie.

Le 1er bataillon subit des pertes sensibles. Par contre, le 2ème bataillon est plus heureux. Comme il arrive sur le plateau du Fort de Souville, il voit s’abattre devant lui le barrage infernal. A un signal donné, tout le bataillon, le commandant d’abord, se lance crânement à travers le barrage qu’il franchit sans un seul blessé.

La relève est terminée au petit jour. Le régiment est en pointe, à la droite d’une ligne qui s’infléchit à gauche. Cette ligne doit, par une attaque, être reportée plus en avant par pivotement sur nous. L’artillerie ennemie est très active et laboure sans relâche le terrain compris entre le P.C. du colonel et la crête du Fort de Souville.

A 18 heures, la brigade de gauche se lance à l’attaque, atteint les ruines du village de Fleury, mais la violence du feu ennemi est telle que le terrain gagné est aussitôt perdu. A ce moment les Allemands essaient de déboucher de Fleury. Une contre-attaque est aussitôt lancée sur eux. Cette contre-attaque est également disloquée par le feu des canons et des mitrailleuses.

De part et d’autre, c’est un feu entier d’enfer. Le terrain est complètement retourné, malaxé, pétri. Là où il y avait des bois on ne trouve plus que quelques souches arrachées, hachées par des explosions multiples qui les projettent de place en place. La pluie qui ne cesse de tomber transforme en cloaque le champ de bataille. Les trous d’obus se touchent. On dirait un vaste paysage lunaire.

Le canon tonne toute la nuit ; les gros projectiles s’enfoncent profondément dans cette terre fatiguée et dispersent en éclatant des paquets de boue qui retombent. Au petit jour, pas un être humain ne paraît, mais des milliers d’yeux invisibles scrutent le terrain en avant et autour d’eux.

L’après-midi, le tir d’artillerie redouble d’intensité. Il suffit que deux hommes se montrent pour que le barrage soit déclanché. Les nerfs sont tendus à se rompre. Mieux vaudrait donner l’assaut cent fois que de demeurer ainsi figés dans la boue, sous un déluge d’acier. Mais l’ordre est de rester là, et de tenir…

On commence à souffrir du froid. Dés que la nuit retombe, le tir d’artillerie est reporté plus en arrière pour interdire tout ravitaillement et gêner les relèves qui sont forcément fréquente, par suite de l’usure des rapide des troupes. On s’efforce d’établir des communications téléphoniques et de creuser des tranchées.

Dans la nuit du 29 au 30, le 3ème bataillon, qui était resté en réserve, relève le 1er. Jusqu’au 4 juillet, la situation reste la même : aucune attaque d’infanterie ne se produit, ni d’un côté ni de l’autre, mais l’activité des artilleries ne diminue pas. On s’observe et l’on tue.

Le 5, avant le jour, les deux bataillons en ligne sont relevés. Ils doivent, pour atteindre la route de Verdun, franchir une seconde fois le glacis du fort constamment martelé par les gros projectiles. Cette marche s’effectue au prix d’efforts inouïs, par une nuit noire, dans un terrain complètement détrempé, bouleversé et parsemé d’obstacles innombrables. Et, il faut faire vite pour éviter d’être surpris par l’éclair des fusées auquel succède instantanément le tic-tac des mitrailleuses. On franchit le barrage sans beaucoup de pertes, puis on dévale les pentes de Souville, à proximité de nos canons qui hurlent à la mort.

Maintenant nous voici au repos, dans les ruines d’une caserne de la ville.

Le 8 juillet, le 3ème bataillon remonte en ligne. Il est suivi le lendemain par le 2ème, qui prend le secteur au Sud-est de Fleury, pendant que le 1er, resté prés de Souville, vient au repos à Verdun. Les journée 9 et du 10 sont marquées par un bombardement ennemi plus intense encore que d’habitude.

D’après les déclarations d’un déserteur allemand, l’ennemi doit prononcer une forte attaque demain sur le Fort de Souville. Aussitôt, le 1er bataillon est alerté et envoyé, dans la nuit du 10 au 11, aux environs du Fort pour renforcer la position occupée par le reste du régiment. Les compagnies exécutent péniblement cet ordre, tant la violence du feu est grande. L’ennemi lance des quantités d’obus lacrymogènes. La 3ème compagnie perd, dans cette marche, la moitié de son effectif, ce qu’il en reste est obligé de se rejeter dans le Fort.

Pendant ce temps, l’attaque allemande s’est déclanchée, entre 5 heures et 5 h. 30, le centre du 2ème bataillon cède sous la poussée ennemie et la ligne se trouve rompue à sa gauche. La contre-attaque s’exécute sous un déluge d’obus.

A 18 heures, la lutte d’infanterie cesse pour faire place à l’action de l’artillerie ennemie qui nous inflige des pertes importantes en hommes et en matériel. Trois mitrailleuses sont hors d’usage et leurs servants rallient les hommes qui les encadrent pour faire le coup de feu. Du côté du 3ème bataillon, la lutte est non moins violente. Les 9ème et 10ème compagnies résistent héroïquement aux assauts de l’ennemi, entre les ruines de Fleury et la Chapelle Sainte-Fine.

A la fin de la journée, la 9ème compagnie est réduite à 60 hommes. Pendant ce temps, au Fort de Souville, la situation devenait critique. Toute la garnison et son chef étaient hors de combat.

A 9 heures, l'ordre de prendre le Fort et d’en organiser la défense avec tous les éléments qui s’y trouvent, soient 35 hommes de la compagnie Dupuy, quelques territoriaux et 3 mitrailleuses servies par ces dernier, est donné. C’est peu, mais la vaillance des soldats fera le reste.

Dans la nuit du 11 au 12, le bombardement reprend avec plus de violence sur le Fort. le 12, vers 5 heures, le bombardement redoublant et causant des pertes sensibles, à la faible garnison. Une heure plus tard, une reconnaissance se porte vers la Chapelle Sainte Fine. Elle rentre presque aussitôt en annonçant que les Allemands montent vers Souville.

Tous les hommes présents sont alors placés sur les ruines du fort et un vif combat de pétards s’engage. La défense est fortement aidée à droite par une fraction du 3ème bataillon. A ce moment, l’attaque faiblit. Quelques Allemands se rendent, les autres reculent.

Brusquement, vers 9 heures, notre artillerie commence à bombarder avec violence le fort et ses abords. L’artiller ennemie fait de même et un mouvement de surprise se produit parmi les défenseurs qui refluent un peu vers la gaine. Mais ce mouvement est vite arrêté. En fin, vers 11 heures, des renforts importants arrivent. La garnison est réduite à une quinzaine d’hommes, mais le fort de Souville est sauvé.

Du coté du 2ème bataillon, l’attaque ennemie reprend au jour, avec la même violence que la veille. Vers 6 heures, les Allemands débouchent de Fleury et marchent en colonne sur le fort, par Sainte-Fine. Des mitrailleuses exécutent des feux de flanc sur ces colonnes qui subissent des pertes énormes, sans toutefois que leur marche soit enrayée. Une menace de débordement se dessine sur notre gauche. Les Allemands dont les pertes deviennent de plus en plus considérables, s’arrêtent. A ce moment, l’ennemi confondant ses troupes avec les nôtres, les couvre de projectiles d’artillerie sur les pentes de Souville. La défense du fort fait le reste et l’attaque est brisée.

Malheureusement, un malencontreux feu de barrage de notre artillerie nous empêche de poursuivre l’ennemi en retraite.

Pendant cette bataille, le 3ème bataillon contribua à la défense du fort. Placé à un point d’où il pouvait observer le mouvement de l’ennemi, son chef put renseigner le commandant du fort et agir efficacement. Ses mitrailleuses prirent une part active au combat en fauchant une grande partie des assaillants qui franchissent la crête.

Dans la nuit du 12 au 13, les 1er et 3ème bataillons étaient relevés ; le 2ème descendait la nuit suivante. Nos pertes dans ces terribles combats furent très lourdes ; la moitié du régiment était hors de combat. Nous avions onze officiers tués et autant de blessés.



La Woëvre (août 1916-janvier 1917).



Du 3 août 1916 au 22 janvier 1917, le 7ème R.I. a occupé successivement les secteurs de Régniéville, Remenauville et Seicheprey, au nord de Toul. Cette période de cinq mois n’a été marquée que par des combats peu importants de tranchées à tranchées et par des rencontres de patrouilles. Notre principale ennemie était l’eau, et pour lutter contre elle nous avions fort à faire. De l’autre côté de la barricade, il en était certainement de même. Nous eûmes peu de pertes/p>

A la fin de janvier, le régiment fut envoyé dans un camp, non loin de Toul, puis dans la région de Pont-à-Mousson où il fit des travaux. Il revint transporté en chemin de fer prés de Reims pour prendre part à l’Offensive de Champagne.



Offensive de Champagne (avril 1917).



Le 5 avril, les bataillons débarquent successivement à Epernay et se dirigent par étapes sur leurs cantonnements à l’Est de Reims. Nous sommes aux premières loges pour assister à la préparation de l’attaque. Devant nous se dresse, isolé dans la plaine, le massif de Moronvilliers, haut de 150 mètres environ, entre la Suippe et la Vesle. C’est l’objectif le plus important à atteindre dans cette région. Les Allemands qui en connaissent aussi la valeur l’ont organisé avec tout l’art de la fortification moderne : blockhaus et guérites blindées pour mitrailleuses et canon révolver, abris en ciment armé pour les troupes de 1ère ligne, tunnels longs et profonds pour les réserves, etc… Le tout appuyé par une puissante artillerie et protégé par de nombreux et épais réseaux de fil de fer barbelé.

Du 12 au 16, notre artillerie « prépare le terrain ». Canons de tous calibres, depuis le 75 jusqu’au 400 en passant par les mortiers de tranchées, déversent sur le massif des tonnes d’explosifs. Chaque pièce à sa mission bien nette et elle ne se taira que lorsqu’elle l’aura accomplie à fond, c'est-à-dire lorsque le terrain qu’elle doit battre sera complètement retourné. Les fils de fer sont hachés, pulvérisés ; des abris s’effondrent sur les occupants ; des blockhaus sont éparpillés et certains, pris à la base par des obus puissants sont projetés tout d’une pièce à une vingtaine de mètres au-delà. Chaque batterie ennemie qui se dévoile est aussitôt prise à partie par nos pièces de gros calibres.

Pendant ces quatre jours de préparation, le massif disparaît sous un nuage de fumée auquel se mêle la poussière blanche de la craie. Des petits bois de sapins littéralement soufflés par les projectiles qui tombent en avalanche. Les pitons du Cornillet, du Mont-Haut, du Casque, du Têton, labourés par des milliers d’obus, forment d’immenses taches blanches dont l’aspect est particulièrement saisissant. Sans répit, jour et nuit, notre artillerie martèle la forteresse boche.

Le 16, l’assaut est donné. Toutes les crêtes du massif tombent au pouvoir des Français, à l’exception du « Casque » qui a résisté à plusieurs assauts.

Dans la nuit du 21 au 22 avril, le régiment relève les troupes qui occupent le terrain conquis. Les trois bataillons sont échelonnés en profondeur. Le 3ème mènera l’attaque ; il sera suivi du 1er bataillon, le 2ème restant en réserve de Division.

Une nouvelle préparation d’artillerie est nécessaire. Malgré des bombardements incessants, les commandants de batteries viennent en ligne pour régler eux mêmes le travail de leurs pièces. Mais les Allemands se sont ressaisis. Ils pressentent une nouvelle attaque de ce côté. Des batteries amenées en hâte pilonnent furieusement nos positions et nous occasionnent des pertes sensibles. En première ligne, on achève le « nettoyage » des anciens abris allemands effondrés. Dans l’un d’eux, dont les entrées sont complètement obstruées, on découvre huit boches plus morts que vifs. Ils sont là depuis six jours et paraissent tout hébétés de revoir la lumière.

Le 29 avril, la préparation d’artillerie étant jugée suffisante, l’attaque est fixée au lendemain 30, à 12 h 40. La lutte d’artillerie redouble d’intensité. L’ennemi envoie sur l’arrière des quantités d’obus lacrymogènes, mais cela ne diminue pas l’ardeur de nos artilleurs qui ripostent du tact au tact avec des obus analogues.

Le 30, à partir de 5 heures, le tir devient violent. Il atteint son maximum d’intensité vers midi. Les hommes sont d’un calme extraordinaire malgré les pertes que nous occasionne le bombardement.

A 12 h 40, le 3ème bataillon, précédé de tous ces chefs, s’élance à l’assaut dans un élan magnifique, pendant que notre artillerie établit un barrage mobile destiné à ratisser le terrain en avant de lui. Mais à peine a-t-il débouché de notre ligne que des coups de fusils partent de la lisière du bois du Casque, suivis instantanément de rafales de mitrailleuses placées dans des blockhaus, au milieu et à l’Est du bois. Le bois est difficilement abordable de front ; il faut le tourner par les ailes. Chacun comprend le mouvement qui s’exécute automatiquement.

La gauche du bois est envahie, pendant qu'une compagnie se heurte au fortin de droite. Le centre de l’attaque est momentanément immobilisé. Le bois n’est qu’un nid de mitrailleuses qui ont échappé par miracle à nos obus. La 1ère compagnie du 1er bataillon est alors envoyée pour tourner le fortin. Deux sections sont chargées de cette mission, tandis que les deux autres, soutenues par les mitrailleuses vont renforcer le centre de l’attaque déjà assez éprouvé.

Un deuxième assaut sur le centre du bois nous rend maîtres des deux fortins. Malgré une résistance acharnée des Brandebourgeois. C’est une véritable lutte au couteau dans laquelle les deux adversaires font preuve d’un égal courage. Tous les Allemands rencontrés sont tués. Maintenant le centre de l’attaque progresse, tandis que des sections investissent le fortin de droite. A gauche, la compagnie De Bardies réduit un autre fortin et fait 60 prisonniers.

A ce moment, une contre-attaque allemande débouche d’un bois situé à l’Est du Casque. Prise sous le feu de nos mitrailleuses elle est anéantie. Il est 16 h 40. Une nouvelle contreattaque, forte d’un bataillon s’avance sur nous. Mais nos artilleurs veillent. Des centaines d’obus s’abattent soudainement sur cette masse de boches dont bien peu parviennent à s’enfuir. C’est un carnage.

A 19 heures, on finit par s’emparer du fortin de droite. Tous les Allemands présents sont tués à coups de grenade. D’autres qui, cachés dans un abri, tiraient dans le dos de nos hommes, subissent le même sort. Maintenant le bois est purgé ; le Casque est entièrement à nous.

La bataille est finie. Les Allemands ne réagissent plus. Nous nous installons sur notre nouvelle position pendant que les brancardiers emportent nos blessés et nos morts.

Dans la journée du 2 mai, deux cents Allemands et quatorze officiers, réfugiés au tunnel du Mont Perthois, complètement encerclé par nous se rendent.

Dans la nuit du 2 au 3, le régiment est relevé et va se reposer au bivouac dans les bois de Prosnes.

Le 5 au matin, il remonte en ligne pour tenir le terrain conquis à l’ouest du Casque. La relève s’effectue dans de bonnes conditions malgré une réaction violente de l’artillerie ennemie. Nous restons en secteur jusqu’au 13. Aucune attaque d’infanterie ne se produit ; mais le pilonnage n’arrête pas. On creuse des tranchées et des boyaux.



Les Eparges (juin à septembre 1917).



Après un court séjour aux environs de Nixeville, le régiment prend possession du secteur des Eparges. Le 13 juin, il occupe le village et les hauteurs immédiatement à l’Est. Celle-ci n’est autre qu’un mamelon isolé dans la Woëvre et que Français et Allemands se disputent depuis trois ans.

Pendant que les fantassins des deux parties restent accrochés aux pentes et accumulent en avant d’eux des obstacles de toutes sortes, au dessous, le Génie travaille avec fièvre, jour et nuit pour arriver rapidement sous la position adverse et la fair sauter. Le mamelon des Eparges se trouve ainsi sillonné en tous sens et à différentes profondeurs par des longues galeries à l’extrémité desquelles 20 tonnes que l’étincelle qui fera ouvrir à la surface un cratère profond de 25 à 30 mètres.

C’est sur ce volcan que le régiment a tenu pendant prés de vingt semaines. Mais comme notre haine des boches est profonde et tenace, nous n’avons pas voulu que la guerre se fasse exclusivement sous nos pieds. Aux mines nous avons ajouté des torpilles. Pendant trois mois nous avons envoyé aux Allemands, par-dessus la crête, et reçu en part égale, des milliers de bombes qui nivelaient les tranchées, bouleversaient les abris et déchiraient les bords des cratères. La nuit nos patrouilleurs se postaient dans les failles de ces énormes entonnoirs et attendaient, comme des chasseurs à l’affût, qu’une silhouette ennemie se profilât là-haut pour l’abattre, où pour s’en emparer si elle commettait l’imprudence de descendre au fond.



Verdun (cote 344).



Notre séjour aux Eparges fut considéré comme une trêve. Placés en sentinelle sur le flanc Est de la citadelle nous savions que notre faction serait là de courte durée et que bientôt on ferait appel à nous pour achever l’œuvre si brillamment commencée par l’Armée de Verdun. En quelques jours, cette armée avait repris aux boches ce que ceux-ci avaient mis des mois à conquérir malgré une formidable consommation de « matériel humain ».

Vers la mi-septembre, le régiment était groupé dans la région de Vanault. Le temps de se reposer un peu, et, le 28, il tenait avec deux bataillons le secteur légendaire de la Cote 344, laissant en réserve un bataillon à la Côte de Poivre.

Plus de dix huit mois se sont écoulés depuis le déclenchement de la ruée allemande sur Verdun, et l’activité de combat ne s’est jamais ralentie dans ce secteur. La bataille est constante, alimentée sans cesse par des éléments toujours nouveau, toujours frais.

On arrive sur les positions en pleine nuit, à tâtons, dans la boue, parmi le fracas des explosions qui ouvrent de nouveau cratères. On ne sait pas exactement où l’on se trouve. A peine a-t-on une vague idée de la direction du boche. Plus d’abris, plus de tranchées, plus de boyaux ; mais des trous en quantité : ils se touchent. On sort de l’un pour tomber dans un autre… Et quelle odeur. Quelle infection. Ça sent le chou pourri… l’ypérite. Telle fut notre première nuit à la Cote 344.

Les autres furent en tout points semblables. On aurait pu espérer bénéficier d’un peu de repos pendant le jour. Il en fut rien. Dés le lendemain à 10 heures, les positions occupées par nos bataillons avancés furent soumises à un pilonnage régulier d’obus de gros calibre. On compta 600 projectiles lourds reçus dans la première journée. Il en fut de même les jours suivants. De toute évidence, les Allemands préparaient une attaque dans le but de nous reprendre la Cote 344, qui constituait pour eux un observatoire remarquable sur la vallée de la Meuse et la route de Vacherauville - Bras s/Meuse, notre seule artère de ravitaillement.

L’attaque Allemande pressentie eut lieu dans la nuit du 1er au 2 octobre. La préparation d’artillerie fut courte. De notre côté on ne pouvait accéder le jour à la tranchée de Trèves qui constituait notre première ligne, sans passer complètement à découvert sur un terrain descendant en pente vers l’ennemi, ce qui aurait eu pour conséquence immédiate de déclancher les tirs d’artillerie allemande, toute organisation était impossible.

D’autre part, l’aviation ennemie, très nombreuse, était absolument maîtresse de l’air sous la protection d’avions de chasse au nombre de 15 ou 20. Le jour, ces avions survolaient nos lignes à une faible altitude et mitraillaient nos hommes dans leurs trous d’obus. Enfin la contre batterie ennemie était très active, notre artillerie étant en outre soumise à des tirs continuels avec obus toxiques.

A 3 heures du matin, trois Bataillons allemands soutenus par une Division, se lancent à l’assaut sur le seul front du Régiment entre les ravins de Tacul et de Dassérieux. Notre barrage d’artillerie déclenché aussitôt est inefficace pour arrêter le vagues d’assaut qui s’étaient rassemblées en dehors de sa zone d’action. La rapidité et la violence de l’attaque sont telles que les Allemands réussissent à pénétrer en plusieurs points dans notre ligne de surveillance malgré la défense acharnée des occupants. Deux fois ils sont repoussés à la grenade, mais d’autres vagues succèdent à la première et, finalement la tranchée de Trèves tombe aux mains de l’ennemi.

Mais les nôtres se sont ressaisis. Trois contre-attaques sont lancées, mais une seule, celle de droite, parvient à la tranchée de Trèves et s’en empare en partie. Les autres contre-attaques sont disloquées par le tir intense de l’artillerie et des mitrailleuses ennemies avant qu’elles aient pu atteindre leur objectif.

Il fait alors grand jour. On ne pouvait lancer sur le glacis une nouvelle attaque sans risquer des pertes inutiles et un échec certain. Une nouvelle opération est alors préparée pour le soir. Elle eut lieu à 21 h. 45 mais la nuit était claire et tous les mouvements faits par les nôtres furent aperçus de l’ennemi qui déclencha de nouveau son tir de barrage et le feu de ses nombreuses mitrailleuses.

L’attaque, bien que disloquée, parvint néanmoins à la tranchée de Trèves où elle ne put se maintenir en raison de la grande supériorité numérique de l’adversaire. Toute la journée du 4, l’ennemi montra un grand acharnement pour reprendre la partie de la tranchée de Trèves que nous avions reconquise.

Nos pertes dans ces combats étaient lourdes aussi, mais du moins avions-nous la fierté d’avoir conservé la cote 344 dans toute sa valeur stratégique.

Du 13 au 18, nous occupâmes plus à droite le secteur de Mormont. Nous n’y restâmes que peu de temps par suite de l’extrême fatigue des hommes, puis nous allâmes reprendre notre faction sur les Hauts de Meuse en occupant successivement les avancées de Damloup, Eix et Haudiomont.



Bataille de la Somme, Hangard en Santerre (24 avril 1918).



Quelques jours de repos dans la région de Rembercourt, et nous voilà transportés au Sud d’Amiens. Le 23 avril, le 3ème bataillon est engagés à Hangard-en-Santerre – Hourges. Le point capital à défendre et le village de Hangard passé déjà de mains en mains, mais resté finalement en notre pouvoir. Au 3ème revient l’honneur de le garder.

Hourges est défendu par le 1er Bataillon pendant que le 2ème Bataillon est en réserve à Domart. Il n’existe dans ce secteur aucun système défensif organisé, mais simplement quelques rares éléments de tranchées constitués par des trous d’obus reliés entre eux. La circulation est difficile, particulièrement le jour, car l’ennemi occupe des positions dominantes et fait un large emploi de mitrailleuses. Son artillerie tire assez violemment sur les villages, les voies de communication et les ponts du secteur, Elle tire très près sur les premières lignes.

Dans l’après-midi du 23, l’aviation allemande devient hardie ; quelques appareils survolent nos tranchées à faible hauteur, en mitraillent les occupants et règlent le tir de l’artillerie. Ce sont là les symptômes évidents d’une attaque très prochaine, qu’un déserteur alsacien a d’ailleurs confirmée la veille. Dans la soirée, des colonnes ennemies sortant de la lisière ouest du bois de la cote 104 sont prises à partie par les mitrailleuses et subissent des pertes sensibles qui ne compensent aucun gain de terrain.

Le 24, à 3 heures, un violent tir de destruction, avec emploi d’obus toxiques, est déclanché sur Hangard : c’est l’attaque : une demie heure après, l’ennemi avance de chaque côté du cimetière, mais ce premier assaut est brisé net par les feux de nos mitrailleuses, et par le barrage d’artillerie. Cependant, l’orage se déchaîne ; la bataille va reprendre. Hangard est de plus en plus pilonné par les obus. Toutes les communications sont coupées. A 6 heures, l’ennemi attaque par vague serrées, collées à son barrage, sur tout le front du régiment, Nos mitrailleuses tirent sans arrêt. Cependant les Allemands réussissent à la faveur du brouillard à s’approcher du boqueteau au nord de Hangard. Ils subissent des pertes nombreuses, certains groupes lèvent les mains pour faire cesser notre tir pendant que des porteurs de flammenwerfer se glissent derrière les premier éléments ennemis et parviennent à lancer des flammes dans la tranchées du boqueteau.

Grâce à ce procédé aussi déloyal que sauvage, les Allemands réussissent à s’infiltrer au centre du 3ème Bataillon malgré une attaque énergique de la 6ème Compagnie. L’ennemi devient très mordant. Il pousse ses effectifs sans égard des pertes, faisant en même temps une débauche d’obus toxiques. Les premières maisons et l’église tombent entre leurs mains.

Dans un sursaut tous s’élancent. La cote 99 est enlevée d’un seul élan et les Allemands sont rejetés à 150 mètres au nord. Mais ce succès nous coûte cher. Les quelques braves qui restent avec leur capitaine ont fort à faire pour défendre le terrain qu’ils viennent de reconquérir, car les Allemands multiplient leurs assauts. La lutte est inégale, les nôtres se battent à 1 contre 10.

Dans la soirée, l’ennemi, qui a réussi à s’emparer de la majeure partie du village, tente de faire prisonniers les défenseurs de la Cote 99 en les prenant à revers. Le Capitaine Colonna et sa poignée de braves répondent à coups de fusil aux sommations de se rendre qui leur sont faites. La violence du feu est telle qu’une Compagnie envoyée pour les secourir, est décimée avant d’avoir pu atteindre son objectif.

Enfin dans la nuit du 25, pendant une accalmie, un Bataillon du 41ème R.I. vient les relever. Le Capitaine Colonna était parti avec 120 hommes, il revenait avec 39. La défense du village de Hangard ne fut pas moins épique.

Le 24, vers 8 h. des éléments ennemis réussissent à franchir la Luce et prennent pied dans le parc du château. Une contre-attaque énergique les rejette de l’autre coté de la rivière. Mais l’ennemi qui tient le verger balaie de ses feux la lisière sud du village, les abords du château, la route de Domart, et prend à revers toute la défense.

Les communications avec l’arrière deviennent très difficiles et toute la défense devient coûteuse. A 8 h 45, l’ennemi tente un nouvel assaut général, mais, devant une défense très opiniâtre, il ne parvient à progresser nulle part et il subit de grosses pertes. Il semble alors desserrer son étreinte autour de Hangard, sous de vigoureuses poussées du Bataillon assiégé.

L’aviation allemande qui a volé très bas pendant toute l’attaque, jetant des bombes et mitraillant les défenseurs se disperse.

La situation se maintient ainsi jusqu’à 14 h. 30, malgré tous les efforts furieux de l’ennemi. Cependant les munitions s’épuisent, les effectifs fondent, le ravitaillement est impossible. A 15 heures, le bombardement reprend avec une grande violence sur tout le secteur et à 15 h. 30, l’ennemi, avec des forces fraîches et importantes, exécute une nouvelle attaque.

Le Commandant réunit au Château les quelques hommes qu’il a sous la main, se rend dans la rue principale pour tenter, avec une mitrailleuse qui lui reste en réserve, d’arrêter la progression de l’ennemi. A 16 h. 15, les Allemands resserrant leur étreinte, gagnent du terrain de plus en plus par infiltration dans les maisons de Hangard et encerclent complètement à une distance de moins de 30 mètres le Commandant et le petit groupe d’hommes qui l’entourent. Avec sa poignée de braves, celui-ci parvient à se frayer un passage à coups de grenades et de révolvers et à rejoindre avec son agent de liaison cycliste et son ordonnance, seuls survivants, les éléments de la Compagnie Colonna qui tiennent toujours la Cote 99.

Cependant la situation du 3ème Bataillon encerclé dans Hangard est grave. Il est prescrit à la section de gauche du 1er Bataillon, de pousser résolument en avant pour s’emparer du Verger et du Moulin de Hangard. L’ordre est exécuté et par bonds rapides une section progresse jusqu’à 80 mètres du Verger, mais de violentes rafales de mitrailleuses partent de la lisière Sud-Ouest de Hangard, et nous oblige à nous terrer. La section est très diminuée : il a deux tués et 9 blessés.

A 17 h. 10, le Château, centre de résistance de Hangard, tient donc encore, mais vers 16 h. 45, les Compagnies réduites à un très faible effectif, harassées, n’ayant plus de munitions, sont complètement submergées.

A 17 h. 15, l’ennemi par petits paquets, essaye d’atteindre la droite du 1er Bataillon, à la faveur du tir des mitrailleuses placées sur la Cote 110, mais cette tentative échoue comme les précédentes sous des feux d’infanterie.

Vers 19 h. 10. Du 3ème Bataillon, il ne restait que le commandant, un Sous-officier et quarante hommes. Mais la résistance avait duré 15 heures, et le boche, exténué, n’avait pu aller plus loin. Ses pertes étaient considérables, Le petit bois, la croupe à l’Est et les abords du cimetière étaient jonchés de cadavres gris.

Le 25 avril, ce fut le calme succédant à la tempête. Le 26 avril, vers 20 heures, l’ennemi après un tir de destruction intense sur Hourges, attaqua encore une fois en masse devant le front de la 1ère Compagnie. Il ne fit pas dix mètres qu’il fut arrêté net par le feu de nos mitrailleuses.

Nos pertes dans ces trois jours furent de 27 Officiers et 1.098 hommes de troupes.

Le 24 avril 1918, chargé de la défense d’un point important, le régiment a réussi à repousser pendant 15 heures des assauts répétés, menés par l’ennemi avec acharnement et des moyens puissants. Il a infligé aux assaillants de lourdes pertes et a résisté jusqu’à la limite de ses forces.



Bataille de l'Aisne, Tigny-Vierzy (mai-juin 1918).



Après ces formidables combats, le Régiment, réduit à l’état squelettique, avait besoin de se reconstituer. Il fut envo à Campeaux.

Le 28 mai, notre repos est interrompu et les Bataillons sont transportés dans la région de Villers-Cotterets les 29 et 30 mai. Mais l’offensive allemande avait fait des progrès : les cantonnements qui nous avaient été primitivement fixés se trouvaient occupés par les boches.

Notre rôle devient alors très net : il faut arrêter l’avance boche… Sitôt débarqués, donc, en avant. Un bataillon, sous se rend à Vierzy ; un autre occupe Tigny, le troisième reste en réserve dans le bois de Mauloy. Sur ces divers points, il faut tenir quoi qu’il arrive.

Le 30 mai, le bombardement de Tigny par l’artillerie allemande devient très violent. A 14 heures, une forte attaque ennemie est déclenchée : 500 à 600 Allemands débouchant des bois de la Cote 176 se précipitent à l’assaut en poussant des cris féroces. Le bombardement, tient bon et ses mitrailleuses ainsi que ses fusils mitrailleurs brisent net l’élan des vagues ennemies.

La bataille est acharnée, les munitions s’épuisent. Cependant sur notre droite un fléchissement se produit qui a pour conséquence de faire entrer en ligne le 1er Bataillon gardé primitivement en réserve. Les bois au sud-est de Parcy-Tigny sont occupés par l’ennemi. La nuit est calme. A l’aube du 31, on apprend que le repli des éléments de droite s’est poursuivi pendant la nuit et que les Allemands progressent vers Blanzy, faisant même avancer leur artillerie et leur cavalerie. Les bois au sud de Parcy-Tigny tombent entre leurs mains et leurs éléments avancés tiennent même la corne sud du bois de Mauloy.

La droite du régiment se trouve donc complètement débordée, et le front à défendre, déjà considérable, est augmenté de plus de deux kilomètres. A 8 heures, le bombardement de toute la position commence. L’attaque est imminente et l’on voit tout de suite que l’objectif de l’ennemi est le saillant constitué par les villages de Tigny, Parcy-Tigny que défendent les 1er et 3ème bataillons du 7ème R.I. Ceux-ci subissent des pertes élevées. L’ennemi tend à encercler les défenseurs de Tigny. Bientôt, sous des poussées furieuses, toute résistance devenant impossible, les survivants du 3ème Bataillons sont obligés de se replier sur Parcy-Tigny que défend opiniâtrement le 1er bataillon.

Une contre-attaque tentée par la 3ème Compagnie échoue. Cette Compagnie est presque anéantie.

A 12 h., on apprend qu’après plusieurs tentatives infructueuses, les boches ont contourné et attaqué en masse une Compagnie qui se tenait à la croisée des chemins au sud-est de Parcy-Tigny, ce qui rend de plus en plus critique la situation en flèche du Régiment. Force est donc, pour éviter l’encerclement, de se replier. Cette opération s’exécute en bon ordre sur la ligne Moulins des Comtes, cote 132, où se trouvent déjà des éléments divers que l’on incorpore dans nos rangs pour combler les vides occasionnés par nos pertes.

Comme la nuit précédente, celle du 31 au 1er juin se passe dans le calme. Mais l’ennemi a encore profité de la nuit pour étendre son succès sur notre droite.





Léon DASSEUX est porté disparu le 31 mai 1918 à Tigny (Aisne).

Il est présumé prisonnier de guerre en Allemagne selon un avis officiel en date du 4 septembre 1918.

Il décède le 18 octobre 1918 au Lazaret de la forteresse de Diedenhofen des suites de maladie contractée en captivité.


Léon DASSEUX fut cité à l'ordre du Régiment le 26 mai 1917. Etant de corvée au ravitaillement des munitions sous des premières lignes il a donné l'exemple de courage et de sang froid sous de violents bombardements.


Léon DASSEUX fut blessé entre le 2 et le 10 février à Perthes les Hurlus, plaie à la joue droite par éclats d'obus.


Léon DASSEUX est décoré de la Croix de guerre étoile de bronze.